Wood Wide Web

Un réseau gigantesque vit dans le sol de nos forêts. Une puissante ingénierie millénaire qui s’est mise en place entre deux mondes: les champignons et les végétaux.

C’est une découverte fondamentale dans notre compréhension du vivant. La coopération entre deux règnes pour le meilleur! Il s’agit de l’internet des forêts.

Les champignons que l’on ramasse et que nous voyions comme des entités uniques au milieu de la forêt, sont en réalité les organes qui assurent la reproduction d’un vaste réseau souterrain. Ils sont la partie émergée de l’iceberg.

 

« Le web est si dense qu’il peut y avoir des kilomètres
de réseau de mycelium sous une empreinte de pied. »

Suzanne Simard,
chercheuse en écologie forestière au Canada

Sous terre, ils sont un tissage de longs filaments qui épouse les racines des arbres. Ce sont les mycorhises, champignons symbiotiques qui échange avec la flore.

Les filaments tissent un réseau si dense qu’il va littéralement connecter la forêt.

Le champignon créé un réseau de plusieurs kilomètres qui connecte les arbres entre eux. Il recherche le sucre, que les plantes produisent par la photosynthèse. En échange, il transmet l’eau et les éléments nutritifs contenus dans le sol. La symbiose opère.

« C’est le plus grand « marché » au monde :
l’échange du carbone végétal contre le sucre. Ainsi, la plus grande transaction a lieu sous nos pieds chaque jour. »

Gunter Pauli

« Il y a plus de champignons sur la Terre que d’animaux
et de végétaux réunis ! 10 champignons toxiques seulement
pour les 980 000 autres espèces comestibles ! »

Gunter Pauli

Il arrive que la symbiose soit déséquilibrée. L’un des deux partenaires s’affaiblit. Le champignon va contribuer à recycler la masse de l’arbre, au profit de leurs deux descendances.

« Aucun arbre ne vit seul. Les arbres sont une communauté. »

Indien d’Amérique Hopi

Les travaux de la chercheuse Suzanne Simard ont montré qu’un bouleau et un sapin de Douglas s’échangeaient des molécules de carbone. Elle découvre que les arbres qui sont connectés entre eux par les mycorhises forment une communauté. En leur centre, elle identifie des individus qu’elle nomme « arbres-mères ». Ces arbres, plus anciens, sont de véritables nourrisses pour les jeunes pousses. Ces communautés d’arbres sont reliées entre elles par un réseau qui palpite littéralement, s’échangeant nutriments et eau. Un de ces arbres peut être relié à une centaine de ses voisins.

« Je savais que j’avais trouvé quelque chose d’important.
Les arbres passaient de compétiteurs à coopérateurs ! »

Suzanne Simard

La loi de la jungle n’est peut être pas la règle…

Janine Benyus, qui a inventé le concept de biomimétisme, rappelait que seulement 10% des rapports entre organismes étaient voués à la compétition.

Heureusement, les dernières découvertes ouvrent une voie sans retour pour une meilleure compréhension du vivant. Ce réseau est bien plus qu’un simple réseau d’échanges nutritifs. Il s’agit d’un réseau de communication. Les plantes perçoivent, ont des réflexes, des influx nerveux…

« Sous terre, il y a cet autre monde qui permet à la forêt de se comporter comme si elle était un organisme unique. »

Suzanne Simard

Les découvertes scientifiques actuelles ont fait passer l’étude des végétaux dans le domaine de l’étude de l’intelligence. Les plantes possèdent la capacité d’apprendre, de se souvenir, de prendre des décisions et même d’agir sur l’environnement.

La chercheuse pense pouvoir reboiser les forêts grâce à la fonction régénératrice des arbres mères. Plus le climat est extrême, soit des journées plus chaudes et des soirées plus froides, plus les arbres âgés deviennent cruciaux pour la survie des pousses, explique la scientifique.

Lors de l’abattage, la forêt se régénère mal si les arbres mères ont été coupés.
Une forêt riche en biodiversité a un réseau mycorhizien plus complexe. Ce réseau fixe lui aussi du carbone. C’est sous la terre que sera stocké environ la moitié du carbone d’une forêt. L’autre moitié, sera dans les feuilles.

« Je veux qu’on change nos pratiques en foresterie. On coupe à blanc les forêts, qui sont l’invention la plus ingénieuse et hautement spécialisée pour stocker le carbone. »

Suzanne Simard

Suzanne Simard, chercheuse en écologie forestière, croit en un autre modèle d’exploitation des forêts. Certaines compagnies forestières appuient son projet de recherche et tentent de mettre en pratique ses recommandations en évitant les coupes blanches et en conservant des grappes d’arbres plus anciens.